mercredi 3 mars 2010

]Petits Compagnons] _ Regards Punu

Je pose souvent mon regard sur ce mur de masques, ma galerie des masques comme je l’appelle. Parfois lassée par une journée stérile, je m’installe sur mon fauteuil à bascule pour un face à face toujours fructueux. Mes yeux se défroissent à leur contemplation, parfois, je les scrute de très près pour examiner leur facture, leur originalité. Parfois, mon regard les traverse et s’appuie simplement sur eux, comme sur de vieux amis, pour une rêverie éveillée. Parfois, mon regard est plus inquisiteur, et voudrait percer le non-dit de leur présence.

A chaque fois, mes petits compagnons, tous sans exception, me renvoient leur beau regard intérieur mais que dit-il ?

// Masque Punu /// Gabon

C'est par ce masque que j'ai commencé à entrer dans ce nouvel univers. Il était accroché au mur d'une galerie voisine ... et je suis passée, repassée devant pendant des jours, attirée par ce doux regard mi-clos, aux yeux en amande boursouflés par un sommeil trop lourd, regard étrange qui semble voir un au-delà intérieur. J'avais l'impression que ce masque m'appelait et voulait partager quelque vérité insoupçonnée, qu'il n'était lui-même que la partie immergée d'un "autre chose".
 Ses yeux fermés sont énormes, marqués, presque aussi disproportionnés que ceux des nouveaux nés. Ils sont parfois ourlés d'un pigment plus brun (comme sur mon autre masque punu) qui renforce encore l'énigme qui s'en dégage. 
La coiffe haute et sophistiquée retombe en tresses égales sur les côtés. La pommette est altière ; la course des sourcils fine et racée.   
L'ovale tendre du visage s'échoue délicatement sur un menton en saillie. La bouche entrou'verte sur des lèvres d'un carmin surnaturel à force d'être trop réel  semble susurrer quelques confidences intimes.
Son front a reçu un baiser de fer qui a gravé à jamais dans sa chair un losange de 9 scarifications.

 Nous sommes en présence d'un esprit féminin. Sourit-il ?  

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