jeudi 18 mars 2010

]Art&Hasard] _ Romuald Hazoumé, artiste "bidon"

Afrique et Art contemporain, l’association ne parait pas immédiate. Lorsqu’on lit le rapport annuel du marché de l'art 2009 publié par ArtPrice, on décompte peu d’artistes du continent africain, notamment parmi le top 500, classement des 500 premiers artistes par chiffre d’affaires ! Et pourtant ! Connaissez-vous par exemple cet artiste béninois du nom de Romuald Hazoumé.

C'est un portraitiste d'un nouveau genre qui emprunte les codes d'un moyen d'expression séculaire en les détournant. Il crée des masques, toute une galerie de masques que je verrais bien habiter sur un nouveau mur de ma "galerie des masques". Il en résulterait un vrai vacarme d'ailleurs, car ces masques "contemporains" se mettraient sans doute à palabrer avec leurs voisins plus anciens et ils leur en raconteraient des choses sur le monde actuel. Ils raconteraient sans doute leur "esclavage", lié au trafic de l’essence car les bidons achetés au marché de Porto Novo au Bénin sont ensuite revendus plein d’essence par les trafiquants à la population béninoise.

Le personnage a des convictions ; sa démarche artistique est engagée, critique, politique. Il « sort » ses masques c’est-à-dire qu’il reprend toutes les étapes de la création. Il essaie de comprendre le pourquoi de ces masques (appelés kaélétas) fabriqués par ses ancêtres yoruba, lui qui a été élevé dans une famille catholique. Le parallélisme de sa démarche avec la mienne est tellement flagrant que cela en est troublant. Mais lui s’est plongé dans la région originelle, celle du Fa, pour comprendre son avenir. Le Fa est une région s’étendant du Nigéria au Ghana, c’est aussi l’oracle qui permet de savoir l’avenir. Il utilise cette double appartenance, il utilise ses contraires intérieurs pour essayer de les réconcilier dans la création de ses masques, à partir d’un medium peu orthodoxe, le bidon, en décalage complet avec les coutumes ancestrales yoruba.

L’artiste a fait plusieurs expositions s’interrogeant tour à tour sur ses origines, sur les nouvelles formes de l’esclavage, sur la situation de son pays, mené par des gouvernants qui s’enrichissent sur le dos des populations désorientées.

Il utilise le bidon mais élargit également ses réalisations, à la photographie ou encore à des mises en scènes qui sollicitent plusieurs sens, olfactifs et auditifs.

Et si vous avez envie d'en savoir plus, je ne saurais que vous conseiller la lecture d'une histoire par l'interessé lui-même qui vous montrera tout l'humour de ce sacré personnage.

Par ailleurs, il sera visible lors de la prochaine foire d'art moderne et contemporain qui se tient au Grand Palais en ce moment, du 18 mars au 22 mars 2010.
 
Bonne nouvelle !

2 commentaires:

  1. Monsieur Hazoumé...N'avez vus pas peur du fantôme de Monsieur Jacques-Yves Bruel ?

    RépondreSupprimer
  2. oui, au fait, les oeuvres de Jacques-Yves Bruel, où sont-elles exposées? Monsieur Hazoumé, vous étiez son assistant...

    RépondreSupprimer