dimanche 11 avril 2010

]Art & Hasard] _ Ernest Pignon Ernest

Niçois, irrevérentieux, inspiré. Cela fait pourtant plus de trente ans que cet artiste, Ernest Pignon Ernest, balade son nom en forme de boutade et son style à travers le monde. Et je n'en prends conscience que récemment !

Le dessin est académique - ce qui n'est pas un obstacle en ces temps de récession où l'ultra-conceptuel fait fuir mais n'est pas forcément ce que j'aime le plus - la démarche beaucoup moins. EPE (j'espère que l'intéressé ne m'en voudra pas de ce raccourci) ne conçoit son oeuvre que mise en situation dans l'espace urbain, dans un dialogue enrichissant où la beauté de ses dessins révèle et répond à celle un brin plus "décatie" de notre environnement. 
La force est dans le trait, tendu, dramatique, dans les sujets aussi, jamais anodins, dans la taille à l'échelle 1 de la réalité, dans l'opposition de ces dessins noir et blanc, comme à l'arrêt, témoins silencieux d'un temps et d'un lieu qui ne sont pas les nôtres, mais qui, insérés à merveille dans le tumulte de notre univers coloré et bruyant, sont des passages vers un autre monde et nous rappellent au devoir de mémoire.

Allons plus loin. EPE développe son travail, du croquis aux dessins préparatoires avant de passer à l'oeuvre définitive sérigraphiée qui ne prend toute son épaisseur (alors même qu'elle n'est qu'en 2D) qu'une fois à sa place sur la scène urbaine puis, enfin la photographie qui témoigne, rend compte de l'empreinte de l'oeuvre et de son impact sur l'environnement.
Ce que je trouve intéressant chez cet artiste, c'est le début et l'aboutissement de la course de son travail, ie ses croquis et leur dialogue avec la ville. Le croquis d'abord, parce j'aime l'intention, la possibilité et la liberté du croquis. C'est le moment de la recherche pure, là où se rencontrent la volonté de l'artiste et la résistance de l'idée. C'est aussi le moment où tout est ouvert, tout est encore possible, imaginable. C'est enfin là que le trait est le plus libre, qu'il laisse de la place à l'imagination du spectateur qui peut ainsi prolonger l'intention de l'artiste, se l'approprier à sa manière.
J'aime ensuite le dialogue de l'oeuvre avec la ville ; cette confrontation brutale, physique, douloureuse souvent avec le paysage. La mise en place est une vraie mise en atmosphère de l'oeuvre qui peut ainsi libérer tout son pouvoir narratif.

Voici un petit montage de la série "Les Cabines", tiré du site de EPE.

Saisissant !


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