Je connaissais les spectacles de l'une mais n'avais jamais entendu les musiques de l'autre.
L'une travaille la vie, brutale, celle où l'on parle d'inégalités, de sida, de ségrégations, de préjugés mais avec la désinvolture et la force de la farce. Elle apprivoise l'espace scénique pour que la vie se joue, brouillonne, tumultueuse, insensée, à travers des inventions foisonnantes, à mi-chemin entre théâtre, danse, vidéo, musique, chant. Ses spectacles nécessitent un effort de la part du spectateur qui ne doit pas se laisser arrêter par leur apparence comique, sous peine de passer à côté de cette réalité qu'ils questionnent et chahutent.
L'autre travaille sa voix comme un espace d'expérimentation introspectif, donc intime. L'exigence se sent à chaque minute, pendant cette répétition générale, lorsque’elle n’hésite pas à interrompre, recommencer, questionner le public sur son ressenti - parfois au-delà du perceptible par le commun des auditeurs - comme si elle nous avait convié à assister au dialogue incessant qui se tient dans sa tête. Ses commentaires sont d’ailleurs souvent lucides et ironiques, maniant l’humour sur elle-même, presque malgré elle.
La répétition générale a lieu dans un endroit particulier, la Chapelle du Couvent des Recollets. Murs dans leur jus, scène dépouillée au plus près des spectateurs, installations spartiates, lumières parcimonieuses, 3 musiciens, une chanteuse et le silence. Rien ne saurait détourner l'attention de ce qui se joue sur scène, à savoir la rencontre avec la voix de Camille, chanteuse plutôt technique à défaut d'être tout le temps musicale.
Ilo Veyou est l’album écrit dans l’attente puis à la naissance de son petit garçon. C'est un album éclectique où les genres musicaux se télescopent entre chansons d'inspiration médiévale comme le Berger (instant de pure poésie), chanson des années 30 (la France des photocopies), chanson pleine de babils enfantins (Bubble Lady) ...
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