mercredi 1 septembre 2010

Willy Ronis : Une poétique de l'engagement // Monnaie de Paris // 16 avril-22 août10


F-2 : Fin de l'exposition de l'exposition de Willy Ronis dans 2 heures.


J'arrive sous le porche de l'entrée de la Monnaie de Paris. Les retardataires motivés se pressent sur les dalles. lls sont venus en nombre comme moi tenter leur chance pour apercevoir les clichés du photographe avant qu'il ne soit trop tard. La queue ressemble à un serpent de mer, un très long serpent, qui s'enroule engourdi sous les arches de la cour intérieure ; lové à l'abri du soleil qui tape encore énergiquement en cette après-midi finissante.

Armée d'un bouquin et de patience, je prends place dans la file d'attente. Trente minutes après, j'entre.

Ce qui m'a marqué dans cette exposition …

Tout d’abord, le contraste entre le titre de l'exposition "Poétique de l'engagement" et l'attitude du "laisser venir" qui semble être la technique photographique de Willy Ronis. Le titre ne me semblait pas limpide. Et puis, en passant de salle en salle, en voyant ces clichés de la rue et de ses scènes quotidiennes, du monde ouvrier et de ses luttes, des instantanés pris lors de ses voyages, on comprend peu à peu cet engagement. Willy Ronis est associé à la photographie humaniste (représentée par le groupe des XV dont faisait aussi partie Robert Doisneau) qui, au sortir de la guerre, voulait redonner foi en l’être humain. Ces photographes utilisent un langage photographique basé sur l’anecdote, l’attention portée aux détails, la représentation de situations incongrues, drôles ou tendres, pour susciter l’émotion, insuffler de la poésie en toute chose. C’est en donnant à voir et à réfléchir, en témoignant de la réalité avec honnêteté et respect qu’ils espèrent la changer. D’où cette poétique de l’engagement. A côté de cela, il y la manière que Willy Ronis utilise pour y parvenir ; un « lâcher prise » et un « laisser venir » qu’il semble nécessaire de convoquer pour se mettre à disposition de l’instant, pour être à même de le recevoir et de le retenir. On sent d’ailleurs au long de l’exposition cette attente qui exige, à la fois, un certain niveau de désengagement mais aussi une attention active pour ne pas « passer à côté ». L’attente est partout, de la prise de vue au développement de la photographie.

Autre découverte pour moi, la sûreté des cadrages qui est éblouissante, à tout le moins pour moi dont l'aptitude à organiser l'image n'est pas vraiment intuitive.

Il y a encore le traitement des thèmes abordés, traitement qui rend compte sans rendre des comptes, se positionne avec justesse au niveau du sujet, à sa « hauteur symbolique » sans rester extérieur mais sans être intrusif. L’alchimie est subtile mais fonctionne souvent.

Il y a enfin cette voix qui, au fil des clichés, fourmille d’anecdotes, commente le contexte, renseigne sur l’intention, éclaire sur le résultat souhaité et tout simplement donne chair et volume à ses images planes et muettes. Willy Ronis se défiait de l’image brute et de l’interprétation si facilement erronée que l’on pouvait en faire.

Tant mieux car l’écouter à travers ses photos a été une expérience inattendue.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire