lundi 26 juillet 2010

]Claque du jour] _ Voyage dans ma tête // La Maison rouge


L’exposition d’Antoine de Galbert « Voyage dans ma tête » réunit les ingrédients d’une exposition réussie à qui aime l’art primitif, l’artisanat et la quête de sens. Un couvre-chef, direz-vous, et bien, cela sert tout bonnement à couvrir le chef. Oui, quoiqu’on s’aperçoive finalement que cet usage terre à terre est presque marginal et surtout, n’est pas le plus intéressant ! On ne peut qu’admirer cette collection de quelques 400 coiffes, rassemblées à un temps très court (une petite quinzaine d’années) par un homme qui, par cette exposition, semble montrer une humilité et un sens de partage tout à son honneur !


Cet objet usuel, social ou rituel est planétaire. Il synthétise la formidable inventivité de l’être humain quand il s’agit de se protéger (de la pluie par exemple, comme cette belle coiffe japonaise, de fibres végétales noires pareilles à de longs cheveux), de représenter, honorer et témoigner de la grandeur du statut ou du rang social de son porteur (comme les coiffes royales kuba ou encore yoruba richement ornées de cauris et finement tissées de perles de verre).
La coiffe peut jouer le rôle de marqueur d’une étape, initiation, mariage, naissance ou décès. Ce rôle peut être parfois extrêmement spécifique comme par exemple cette coiffe-bandeau qui est portée au premier enfant.
Elle s’envisage également comme appendice comblant les lacunes physiques de l’homme qui en essayant de ressembler artificiellement à l’animal, espère s’approprier du pouvoir de la bête... Fort utile au guerrier ou au chasseur !
La coiffe peut se faire bijou, apparat, attribut ultime de la séduction voilant ou dévoilant la beauté féminine ou encore, être un objet-monnaie montrant la richesse de son possesseur à moins qu'elle ne soit elle-même monneyable ? Mais les coiffes permettent aussi de communiquer avec le monde de l’invisible, véritable trait d’union entre le ciel et la terre telles les coiffes des chamans amérindiens qui privilégient les plumes d’oiseaux comme passeurs vers l’au-delà, ou encore celles des prêtres et des sorciers africains ou océaniens qui peuvent se parer de crânes, fourrures animales, accroissant la charge magique de la coiffe.

Usages multiples, matériaux illimités. Ici, l’usage du cheveu confine à la perfection comme par exemple en Chine où des coiffes en « dentelle de cheveux » sont d’une finesse époustouflante et troublante. Là, ce sont encore broderies orientales de fils d’or ou d’argent, ou bien fines lamelles de métal repoussé qui mettent en scène de véritables décors floraux et animaliers (en Chine ou Indonésie par exemple). Là encore, en Papouasie-Nouvelle Guinée (je crois), l’inventivité dans le choix des matériaux surprend avec l’usage des têtes ou des ailes d’une infinité de scarabées. Mais on peut citer encore … peaux de lions, d’ours, de singes, dents de chiens ou de marsouins, carapaces de tortues et de pangolins, épines de porc-épic, plumes d’ara, becs de toucans, de calaos, crânes de singes …

A noter encore, cette fin (d’exposition) en points de suspension qui rappelle l’humilité du collectionneur. Car toute collection, quelque soit la qualité de sa quantité, se caractérise - comme le rappellent Antoine de Galbert et Stéphane Martin, président du Musée du Quai Branly - par ses manques ; ces fameuses pièces inaccessibles que le collectionneur traquera en vain.

Cette exposition de la Maison Rouge nous convie à un voyage dans l’inventivité, la folie, la sagesse, la virtuosité et la beauté de l’humanité.

Pas vers l’imaginaire où l’on peut, où l’on se doit de guider les enfants sans attendre.

Exposition du 12 juin au 26 septembre 2010

source photos et info : site la maison rouge

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