mardi 31 août 2010

]Art & Hasard] _ Keping / Zadkine : Chair des forêts contre Forêt humaine



Rentrer dans la quatrième dimension à Paris, c'est possible. Et c'est même ce qu'il m'est arrivé en ce dernier dimanche du mois d'août 2010 vers 17h au 100 bis rue d'Assas, dernier lieu de résidence et atelier du sculpteur d'origine russe Ossip Zadkine.

Le Musée Zadkine est un endroit confidentiel, niché derrière les dépendances de l'Université René Descartes qui le surplombe. En pénétrant par la grille du monde, vous ôtez, sans y prendre garde, vos vêtements superflus pour vous mettre à disposition de l’étrange. Un pas et votre manteau de certitudes tombe, inutile : êtes-vous toujours à Paris ? ou bien transporté à votre insu dans quelque jardinet de province? Un autre pas. A quoi bon cette veste, pour se protéger de quoi d’ailleurs ? L’air est ici doux et tranquille … terriblement. Il est cinq heures mais le jour qui s’étire tire déjà sur sa fin … mortellement. N’est-il pas un peu tôt ? Un banc. Ne vous y asseyiez pas. Vous pourriez y rester, pris à l’écart du temps, indéfiniment, accroché à une époque heureuse et révolue … oui mais laquelle … Un dernier pas, vous atteignez enfin le seuil du musée Zadkine ; un siècle s’est écoulé.

Vous entrez, engourdi. Mais les habitués des lieux vous accueillent, réjouis ; vous étiez attendu. Il y a, bien sûr, la caissière à la logique insaississable, un brin farfelue, trop professionnelle, qui vous perd, à force de conjectures, dans les éventualités que vous avez – ou pas – de pouvoir visiter l’exposition (« la Chair des forêts » de Wang Keping pour laquelle vous étiez venu) en moins d’une heure et ce, tout en parcourant l’œuvre de Zadkine. Intrépide, vous vous lancez, conscient de votre impudence ou de votre imprudence. Il y a aussi le gardien de ces lieux / spécialité jardin dont la bonhommie s'écoule par toutes les générosités de son corps. Qu'on se le dise, vous faites partie de sa gourmandise ; il vous renseignera goulûment. Il y a également le gardien de salle, lecteur taciturne et absorbé, assis dans la galerie des bois sculptés, comme à  la clairière d'une forêt sans feuille. Et il y a encore d'autres personnages dont vous sentez confusément qu'ils s'inscrivent dans l'ordre bien codifié du fonctionnement de la vie du musée.

 Le musée se révèle finalement à taille humaine. Cinq salles plus l’atelier réservé aux expositions d'artistes contemporains, et où s’entremêlent les œuvres des deux sculpteurs. Elles se répondent, en écho les unes des autres.


Zadkine, arrivé de Russie vers 20 ans, après un séjour en Angleterre où il s’initie à la sculpture, s'installe en France, étudie un temps aux Beaux Arts de Paris avant de suivre son propre chemin, côtoyant les artistes à la Ruche à Montparnasse, Picasso, Matisse, Modigliani ... L'inspiration primitive de ses débuts fait  place à l’influence du cubisme, puis à l'attrait de la statuaire classique et de la mythologie, revisitées toutes deux sous l'angle moderne. Et c'est ensuite au thème de la Forêt Humaine, des troncs-hommes que le scuplteur s'attaque. C’est d’ailleurs cette recherche commune qui rapproche Ossip Zadkine de Wang Keping.



Zadkine est un sculpteur sur bois économe qui, par une taille minimaliste, préserve et libère la nature primale de sa  matière première. Le lien généalogique qui relie le bois sculpté à sa forêt matrice n'est pas coupé par l'artiste. Le tronc humain de Zadkine se souvient d'où il vient : Zadkine l'a écouté parler avec pudeur, comme on écoute les confidences d'un ami intime puis l'a taillé, respectant sa chair séculaire, ne touchant qu'à l'essentiel pour révéler la forme originelle assoupie dans ses anfractuosités. "Le scultpeur est condamné dans ses gestes à parcourir et à suivre, comme l'arbre, la mémoire de la forêt". Cette pensée de l'artiste italien Penone fait écho au travail de Zadkine et à celui de Wang Keping aussi.



Wang Keping est également adepte d'une taille minimale ; son travail est le fruit d'un dialogue constant avec l'essence à travers la matière réceptacle de l'univers. Retirant la peau des arbres, il libère les présences qui s'y trouvaient cachées. Mais la forme révélée de Keping est faussement simpliste. La recherche de la forme juste dans l'épure lui vient sans doute de la philosophie chinoise. Il en résulte des formes d'un raffinement extrême, aboutissement de l'esprit dans la chair mise à nue.     

jeudi 26 août 2010

[DecoD[ _ Bibliothèque poétique de Giuseppe Vigano


Cet article est à communiquer à tous ceux qui sont préoccupés par des problématiques trop terre à terre d'optimisation de l'espace. Ils ne resterons pas longtemps insensibles à cette création du designer Giuseppe Vigano pour la marque italienne Saba qui fait fi d'un trop grand réalisme. La bibliothèque "Primo Quarto"propose une manière poétique de trouver un livre dans son salon ! Et en plus, les dimensions sont telles que vous n'avez pas besoin de disposer d'un salon de taille cathédrale pour vous faire plaisir. Deux hauteurs sont disponibles, 1,20 mètres ou 2,20 mètres !

Alors qui a dit que mettre un peu de piment dans son salon était impossible !

Source photo et site internet : Giuseppe Vigano